En introduction nous tenons à dire que nous apprécions l’initiative de l’administration, ses efforts, pour trouver une solution afin que la CAPA du mouvement intra académique n’ait pas lieu le 24 juin, journée d’action et de grève Nationale. Ces mouvements, que certains jugent trop nombreux ou inutiles sont pourtant précurseurs pour qui sait tendre l’oreille et enlever ses œillères. Il faut se souvenir de notre opposition contre la généralisation du Bac professionnel en 3 ans (et nous insistons sur « généralisation » car à l’époque nos démocratiques médias ont largement fait passer l’information que nous étions contre le bac pro en 3 ans tout court). Nous disions alors que la mesure n’était qu’économique et en rien, absolument en rien, pédagogique. On nous répondait que des classes de CAP seraient créées… Nous disions que c’était des mensonges, nous avions raison. Nous expliquions aussi que le mouvement, à terme, serait bloqué. Il l’est.
Il fallait, et il faudra nous entendre sur la mastérisation. Là encore, contre l’avis de la majorité écrasante des organisations syndicales et surtout contre toute cohérence humaine et pédagogique, le ministère, afin de remplir son engagement complètement fou de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, de supprimer 16000 postes à la rentrée, a fait passer en force la réforme sur la mastérisation. Il n’est pas lieu, aujourd’hui de parler des conséquences catastrophiques qu’aura la décision assassine d’affecter des stagiaires sans formations sur des services à 18 heures (dégout du métier, dépressions, suicides à court et moyen terme) mais seulement de souligner que cette mesure bloque un peu plus le mouvement. En outre, cette mesure est un formidable moyen de faire passer la pilule de nouvelles suppressions de postes (au lycée Paul Valéry à Menton et aux Coteaux à Cannes en lettres histoire pour ne citer que deux exemples). Bien entendu, et bien qu’encore une fois la pédagogie ne dicte pas le budget, les conséquences s’en feront en premier lieu sentir sur les élèves… Car bien qu’il s’agisse d’une CAPA d’affectation pour les enseignant-e-s titulaires, nos pensées vont toujours en premier lieu vers eux. Et si nous nous battons pour l’amélioration des conditions de travail (et les mutations en font parties), c’est parce qu’elles permettent un meilleur travail avec eux.
Sans rentrer dans les chiffres et les pourcentages, il est tristement visible, à l’œil nu, que le nombre de mouvements diminue d’année en année. Il y a à peine quelques temps, le document relatif aux affectations de postes était trois fois plus gros et nous avions besoin d’une journée entière, parfois jusqu’à très tard pour boucler cette CAPA. Aujourd’hui, trois heures semblent suffire.
Derrière ce blocage il y a des suppressions de postes, de classes et des cartes scolaires.
Derrière ce blocage il y a des classes toujours plus chargées et des élèves en difficulté scolaire noyés dans la masse.
Derrière ce blocage Il y a des précaires qui vont se retrouver sans poste à la rentrée, que l’on aura pressé comme des citrons et dont l’écorce pourra désormais embaumer le pôle emploi ; au meilleur des cas ils seront réutilisables pour des remplacements de courte durée, eux qui se sont engagés sur le long terme durant toutes ces années.
Derrière ce blocage il y a des TZR qui ne se stabilisent pas et qui ont le sentiment qu’ils ne se stabiliseront jamais.
Derrière ce blocage, rappelons-le et même si les ordinateurs qui pratiquent le mouvement sont insensibles, se cachent surtout des cas humains, en chair, en os, en respiration et en souffrance. Nous ne prendrons qu’un seul exemple pour illustrer notre propos : la comptabilité où il n’y a eu que deux affectations sur poste fixe dans toute l’académie. Par la force des coupes budgétaires, une collègue toulonnaise, mariée, en ceinte et maman d’une fille de 21 mois se trouve en poste à Nice… inutile de commenter ce cas emblématique.
Notre rappel concernant le paritarisme peut paraitre dérisoire à présent. Pourtant, comme l’an dernier, nous regrettons l’envoi de textos dont le but est visiblement de court-circuiter les syndicats. Aucun des arguments de votre part ne peut être valable dans la mesure où vous-même durant de nombreuses années aviez vertement condamné les informations qui « filtraient » avant l’officialisation des mouvements en CAPA.
C’est donc un constat bien triste que nous dessinons ici en déclaration liminaire. Il est le reflet de plus en plus important de notre impuissance quant à notre rôle de commissaire paritaire et, avant tout, de citoyen. Sans avoir un discours politique qui n’a pas sa place ici, force est de reconnaitre qu’un pilier de la République, l’Education Nationale, est fissuré et que le risque d’effondrement n’est plus une fiction… Et quand la république s’effondre, quand l’éducation n’est plus une cause Nationale, c’est un système inique et dangereux qui le remplace.
Par les élu-e-s CGT EDUC’ACTION