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La Lettre Internet N°59 du 7 janvier 2009

mercredi 7 janvier 2009.
 

1. Evaluations Ce1 et Cm2...
"Les promesses n'engagent que ceux qui y croient" Charles Pasqua... "J'ai tout compris" Xavier Darcos...

Le site http://www.darcos-demission.org/ qui est un site animé par des enseignant-e-s issue de divers horizons syndicaux, associatifs ou autre, publie le texte ci-dessous qui en dit long sur les pratiques du Ministère quant à la réalité de ses engagements. Nous le publions ci-dessous sans en revendiquer la paternité mais parceque ces textes sont plus qu'intéressants:

"Le ministère revient sur l'engagement de ne pas diffuser les résultats des évaluations…
NON à la mise en concurrence des écoles !

Parlant de la publication des résultats des évaluations nationales CE1 et CM2 à un regroupement d’Inspecteurs de l’Éducation Nationale, le 9 décembre, en présence d’un recteur et d’un Inspecteur Général, le chef du bureau de la Direction générale des enseignements scolaires (Dgesco) du Ministère de l’Éducation Nationale a déclaré : « Qui peut empêcher de faire circuler l'information selon laquelle les enfants réussissent mieux dans telle école que dans telle autre ? Même les enseignants le savent ». (…) « Cet outil n'est pas un indice de performance de l'école, mais de localisation géographique. »

On apprend aussi que le ministère réfléchit à « la possibilité d'offrir aux directeurs la capacité de consulter les résultats des autres écoles ». De plus, « cinq indicateurs de réussite seront calculés localement » pour être « remontés » par le directeur d'école aux échelons supérieurs via le site internet académique (et non le site intranet) : la part d'élèves « en difficulté » (moins de 33% des items réussis !), la part d'élèves
« nécessitant une attention particulière »
(de 33 à 50% !), etc. Il y aura alors « les retombées » : les résultats de chaque école pour ces cinq indicateurs seront « communiqués à l'extérieur » (dépêche AEF 106379).

Pourtant, dans un diaporama récent, le ministère s’était voulu rassurant : « Les résultats individuels des élèves ne seront connus que de leurs parents, de leur maître et du directeur de l’école. Les résultats individuels des écoles ne seront pas publics ; ils resteront internes à l’Éducation nationale. »

À quel moment le ministère dit-il vrai, quand il affirme que « les résultats des écoles resteront internes », ou quand il glisse que ce sera « un outil de localisation géographique » ? Localisation de quoi ? Il est évident qu’il ne s’agit pas des écoles mais de leurs résultats, et que « l’outil » permettra de localiser les
« bonnes » écoles et les « mauvaises ».

À quel moment le ministère dit-il vrai, quand il promet de « ne pas mettre en ligne les résultats » ou quand il dit vouloir permettre aux directeurs de « consulter les résultats des autres écoles » ? Qui peut croire que ces informations resteront confidentielles, si tous les directeurs d’une circonscription les partagent ? Si l’on rapproche cette idée du projet de loi créant les EPEP et de la budgétisation de 500 postes de directeurs d’EPEP, il n’y a pas de quoi être rassuré !

À quel moment le ministère dit-il vrai, quand il dit que « les résultats des écoles ne seront pas mis en ligne », ou quand il annonce que les « retombées », avec les 5 indicateurs de réussite, « seront communiquées à l'extérieur » ?

Sous ces contorsions sémantiques pitoyables, le ministère annonce que, malgré l’opposition massive de la profession, il a finalement décidé de rendre publics les résultats école par école. En fait, M. Darcos, affirme ainsi sa fidélité, non à la parole donnée, mais à la volonté du Président de la République : lors de la présentation du projet de nouveaux programmes, début février 2008 à Périgueux, il déclarait que les évaluations CE1 et CM2, « deviendront un outil de mesure incontestable des résultats des écoles », elles seront rendues publiques école par école (c’est-à-dire souvent classe par classe, notons-le), dans le cadre d’un « pilotage du système par les résultats ». Le sens de la prime de 400 euros, que M. Darcos veut attribuer aux maîtres qui feront passer les épreuves, s’éclaire d’un jour cru.

Rappelons au public que depuis 1990, les épreuves nationales CE2 et 6e étaient utilisées par les équipes d’enseignants comme « évaluations diagnostiques » pour aider à la « remédiation » des difficultés. Les résultats individuels de chaque enfant étaient donnés à ses parents pour les informer de son cheminement, dans le cadre d’une coopération confiante entre école et famille. Les résultats moyens de toute la France étaient publiés par le ministère : les écoles pouvaient ainsi se situer par rapport à la moyenne nationale ; le public pouvait savoir comment évoluait l’efficacité du système scolaire.

Les procédures annoncées le 9 décembre constituent un changement radical de la fonction des évaluations nationales à l’école élémentaire. L’opinion doit en avoir conscience, cela détériorera gravement le service public d’éducation. C’est même un coup mortel porté à l’école de la République.

Contrairement à ce qu’affirment les ultralibéraux, à l’origine de cette idée, cela ne favorisera en rien les apprentissages des élèves. Là où il a été mis en place (Californie, Grande-Bretagne), ce « pilotage » a entraîné la généralisation du bachotage. Étant tentés de préparer intensivement leurs élèves à la surface des épreuves, les maîtres sont conduits à négliger les acquisitions en profondeur, les vrais
« fondamentaux ». On y constate la multiplication des fraudes, certaines écoles truquant les résultats transmis à l’administration. Au grand étonnement des responsables politiques qui ont voulu appliquer à l’école ce « pilotage par les résultats » en vogue dans le privé… il a engendré une baisse des performances réelles de l’ensemble des élèves !

« Comparateur d'écoles », ce dispositif établira un classement qui, avec la fin de la carte scolaire, transformera le réseau des établissements en un vaste marché et les parents en consommateurs. Il accroîtra les inégalités entre écoles, les unes devenant des écoles « top » que se choisiront des élèves issus des « élites », les autres se ghettoïsant davantage.

Il installera les écoles dans une relation de concurrence plutôt que de coopération : quand une équipe de maîtres aura mis au point un procédé pédagogique qui favorise la réussite de ses élèves dans tel ou tel domaine, pour conserver son avance, elle devra se garder de le divulguer aux autres écoles !

Le président et le ministre ont-ils un seul instant anticipé les monstrueux dilemmes qu’ils feront vivre aux enseignants : si nous accueillons tel élève handicapé, tel enfant atteint d’une maladie chronique, tel enfant non francophone, … nos résultats vont forcément baisser… ?

Les maîtres seront constamment soumis à la pression des familles qui deviendront les vrais prescripteurs pédagogiques. L’école publique, qui aurait besoin de plus de sérénité, deviendra le champ clos de conflits entre groupes de parents adhérant à des conceptions éducatives différentes. La porte sera alors grande ouverte au communautarisme et la laïcité sera vite submergée. Quant à la façon dont tel maire ou tel groupe politique local utilisera ces résultats, il n’est pas difficile de l’anticiper si l’on se remémore les appels au lynchage de certains enseignants par des groupes comme SOS Éducation, lors de la polémique sur la lecture au CP initiée par M. de Robien.

Il faut bien voir aussi qu’avant même la généralisation de ce dispositif à toute la scolarité primaire, les résultats pourront servir à l’évaluation des équipes d’enseignants par leur hiérarchie et au calcul du  « salaire au mérite » qu’appellent de leurs vœux les responsables de la majorité.

En fait, avec la publication classe par classe des résultats des évaluations, toute l’école risque d’être gouvernée par la réussite à des exercices dont la pertinence ne sera pas discutable puisqu’elle relèvera d’une norme administrative. C’est l’idée même d’évaluations au service des apprentissages et de l’amélioration du service public d’éducation qui sera discréditée. Qu’ils l’aient voulu ou non, avec ce « pilotage par les résultats », nos gouvernants auront alors établi une « pédagogie » officielle dont le principe ultime est hélas celui du dressage : la fin justifie les moyens. Les élèves eux-mêmes, au lieu de se mobiliser de façon désintéressée sur les enjeux intellectuels, émotionnels et éthiques de la culture scientifique, littéraire, artistique et technique, travailleront dès l’école élémentaire en fonction d’un mobile unique : l’attente de bonnes notes et la peur d’en avoir de mauvaises."

Le même site, devant les mensonges du Ministre, publie le livret d'évaluation éleve Cm2 et le livret de l'enseignant-e
Enfin ce site publie un texte dont nous publions ci-dessous des extraits:
"
..."C'en est trop ! C’est maintenant notre dignité qui est bafouée ! Depuis toujours, nous assumons la passation d’épreuves d’évaluation, la correction et l’analyse des résultats, sans penser à demander une rémunération spéciale, car l’évaluation des apprentissages de nos élèves fait partie de nos missions. De plus, quand il s’agit d’évaluations nationales, le plus souvent nous faisons la correction et l’analyse collectivement (en dehors des heures de classe), car les résultats à un niveau donné d’enseignement concernent toute l’équipe des maîtres, en amont et en aval.
Alors, pourquoi cette prime, telles des cacahuètes jetées à des singes ? M. Darcos anticipe-t-il des résistances du fait que ces épreuves, entourées du plus grand secret, sont annoncées comme très difficiles par le ministère et qu'elles feront apparaître une énorme proportion d'élèves en grande difficulté, sans rapport avec la réalité ? Redoute-t-il que ces épreuves mettent plus nettement en évidence la malfaisance des programmes 2008 ? Craint-il que la profession y voie une rupture avec les exigences du Socle commun de connaissances et de compétences, conçu à partir des programmes de 2002, et qui est toujours en vigueur ? A-t-il peur que nous refusions de faire passer les épreuves et veut-il acheter notre soumission ? Parie-t-il sur les difficultés financières des enseignants pour les opposer les uns aux autres et diviser les équipes d’écoles ?
Nous, enseignants des écoles élémentaires travaillant au CE1 et au CM2, nous le disons sans équivoque : cette prime est une atteinte à notre dignité ; nous la reverserons à une
association éducative complémentaire de l’enseignement public ou à une caisse de solidarité des maîtres du primaire que nous appelons à créer dans chaque département.
Et nous tous, enseignants des écoles primaires, nous dénonçons cette prime qui met à mal le travail d’équipe, ignore le fonctionnement réel des écoles et apparaît comme une façon
perverse de consacrer la dégradation de notre pouvoir d’achat...." Vous trouverez la totalité du texte ici


La Cgt Educ'Action avait lancé une pétition sur le même thème dès le 9 novembre. Elle est toujours signable ici vous pouvez continuer à la signer et à la faire signer.
Il est clair que ces évaluations ne sont en aucun cas une manière d'aider les élèves et les équipes, mais un premier pas vers la mise en concurrence des écoles.
Pour la Cgt-Educ'Action, il  ne saurait être question d'aider le ministère à publier de fait ces résultats y compris par des manières détournées.
2. Rappel:  Réunion au siège de la Fcpe vendredi 9 janvier à 18h 6 Rue de France du collectif 06 "Sauvons les Rased"

3. Les bonnes résolutions de l'année 2009... Et si vous adhériez à la Cgt-Educ'Action!
Pour adhérer en ligne:  http://sden1d06.free.fr/Formulai/Adh.html