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Non, Monsieur le Président, la série Economique et Sociale n’est pas une « blague ».

jeudi 29 janvier 2009.
 

Communiqué de presse de l’APSES du 28 janvier 2009

Lors d’un déplacement à Châteauroux (Indre), le Président de la République a déclaré : "Il y a une filière économique pour vos enfants. C’est une blague". Ces propos insultent directement les élèves (dont Monsieur Sarkozy, qui a obtenu ce bac en 1973) et les enseignants qui ont contribué au succès de cette série depuis 40 ans.

La suite des déclarations du Président démontre une grave méconnaissance des débouchés de ce baccalauréat : "Parce que la filière économique ES, mettez vos enfants dedans, et ils ne peuvent pas se permettre de se présenter dans les meilleures écoles économiques. Qu’est-ce que cela veut dire ? On dit à ton gosse, fais la filière économique, tu pourras faire de l’économie et à l’arrivée ils ne peuvent pas se présenter [aux concours]. Ce n’est pas admissible" [Source : Le Monde du 28 janvier 2009].

Rappelons que, selon les statistiques du Ministère de l’Education Nationale, près de la moitié des bacheliers ES poursuivent leurs études dans des filières de l’enseignement supérieur où l’économie est une des disciplines principales (filières universitaires en Economie-Gestion, Administrations Economiques et Sociales, IUT et STS tertiaires, Classes préparatoires, Ecoles de commerce et de management, Instituts d’Etudes Politiques). Par exemple, les bacheliers ES forment le premier groupe d’étudiants en faculté d’Economie-Gestion, loin devant les autres bacheliers généraux et technologiques. Les taux de réussite des bacheliers ES dans ces différentes filières sont sensiblement égaux à ceux des bacheliers S, alors que le recrutement de la série ES est beaucoup plus mixte socialement (28% d’enfants de parents diplômés du supérieur dans la série ES contre 43% dans la série S).

Alors que la lettre de mission pour la réforme du lycée remise à Richard Descoings le 14 janvier dernier pointe les défauts d’un lycée « discriminant socialement », il est incompréhensible que les performances de la série ES soient à ce point ignorées et décriées. Ainsi, contrairement à ce qu’affirme le Président, ces performances sont excellentes dans les filières les plus sélectives des cursus économiques. En 2006-2007, les bacheliers ES représentaient 43% des élèves des classes préparatoires Economiques et Commerciales et 37% des élèves intégrant 24 grandes écoles de la Banque Commune d’Epreuves, alors qu’ils ne représentent que 31% des bacheliers généraux et que les places qui leur sont offertes en classes préparatoires sont bien moindre que pour les bacheliers S. Par ailleurs, 60% des étudiants admis dans les écoles de commerce après le bac sont issus de la série ES, ainsi que près de la moitié des étudiants des Instituts d’Etudes Politiques.

Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que l’objet principal de l’intervention de Nicolas Sarkozy soit de s’en prendre à la filière S qui attirerait la plupart des bons élèves, perdant ainsi sa vocation première de baccalauréat scientifique. Or, pour illustrer cette situation, il attaque … le bac ES, qui est celui dont les effectifs ne cessent de progresser. Pense-t-il sérieusement résoudre le problème de la série S en dénigrant la série ES, qui est justement celle qui résiste le mieux à l’hégémonie de la série S ?

Ces déclarations pour le moins surprenantes voire humiliantes augurent mal de la phase de concertation sur la réforme du lycée ouverte par le Ministre de l’Education début janvier. L’APSES ne peut ignorer ces déclarations et demande au Président de la République de clarifier ces propos qui peuvent légitimement être reçus comme une gifle par les élèves, les parents d’élèves, les enseignants du supérieur qui accueillent ces élèves, et les professeurs de la série ES. L’APSES demande également à être reçue dans le cadre de la mission de concertation pour la réforme du lycée confiée à Richard Descoings.